La directrice générale du Fonds National de l’Éducation (FNE), Sterline Civil, se trouve au centre d’une vive controverse depuis le dépôt d’une plainte formelle à son encontre par l’ancien maire de Cité Soleil, Ésaïe Beauchard, auprès de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Elle est accusée notamment de corruption, d’abus de pouvoir, de favoritisme, ainsi que d’atteinte à la vie privée.
Rendue publique mercredi matin, la plainte dénonce une gestion jugée opaque des premiers mois de Mme Civil à la tête du FNE.
Des dépenses jugées « excessives et non justifiées »
Parmi les reproches de Beauchard figure la révision à la hausse du plafond d’un programme de réhabilitation d’écoles, sans qu’aucune étude d’impact technique ou budgétaire n’ait été réalisée. « Des millions de gourdes ont été engagés sans cadre clair, sans transparence, et sans consultation préalable », précise la plainte. Le document évoque aussi des décisions unilatérales prises hors du processus de validation du Conseil de direction.
Beauchard accuse également la directrice d’avoir attribué de manière sélective des subventions éducatives à des proches collaborateurs, sans appel d’offres ni justification publique. Selon lui, certains cadres exclus du processus décisionnel ont tenté d’éclaircir ces pratiques avant d’être marginalisés.
Des téléphones fouillés : atteinte à la vie privée ?
L’un des points les plus sensibles concerne des allégations selon lesquelles Mme Civil aurait ordonné la fouille des téléphones personnels des employés du FNE à la recherche de preuves de collusion avec Beauchard. Si ces accusations sont confirmées, elles constitueraient une grave violation des libertés individuelles en milieu professionnel.
Riposte de la directrice
Dans un communiqué diffusé mardi, Mme Civil a fermement rejeté ces accusations, les qualifiant de « campagne de diffamation orchestrée par des individus dont les demandes de subventions ont été rejetées pour irrégularités ». Elle affirme que toutes les décisions prises sous sa direction respectent les procédures internes de l’institution.
Elle aurait également lancé un ultimatum de 24 heures à Beauchard pour qu’il se rétracte, menaçant de poursuites judiciaires pour diffamation.
Un contexte national tendu
Cette affaire survient alors que le pays connaît un manque chronique de financement pour l’éducation, des grèves fréquentes des enseignants et une défiance croissante envers les institutions publiques. Le FNE, perçu comme un levier crucial pour améliorer le système éducatif, est régulièrement critiqué pour son manque de transparence et l’inefficacité de certains de ses programmes.
La balle est désormais dans le camp de l’ULCC, chargée de traiter les affaires de corruption. Si une enquête est ouverte, elle pourrait blanchir Mme Civil, ou bien déboucher sur des poursuites pénales, voire une suspension de ses fonctions.